Recherche : Les rejets sensibles à l’abroutissement

Source : article publié sur les actualité d’Irstea

Un article récent publié dans Forest Ecology and Management (une revue scientifique internationale à comité de lecture) montre que les rejets de chêne sont sensible à l’abroutissement par les Cervidés. Dans le cadre d’une étude qui viennent d’être menées grâce au dispositif OPTMix (https://optmix.irstea.fr), les scientifiques se sont intéressés à une pratique utilisée depuis longtemps pour la production de bois de chauffage et de poteaux : le recépage. Le recépage consiste à régénérer de nouvelles tiges (appelées rejets) à partir de la souche, suite à la coupe de l’arbre à sa base. Les chercheurs ont voulu savoir si ce processus de régénération dite végétative, par opposition au mode de régénération sexuée qui repose sur le développement d’une graine, pouvait être une méthode pertinente pour renouveler les chênes sessiles dans les forêts mélangées, et si par ailleurs elle était compatible avec la présence des herbivores.

Rejets de chêne broutés par les cervidés. . © J-P. Hamard/IrsteaI

En comparant le développement des rejets de chênes dans des placettes clôturées et non clôturées, et disposant d’un couvert végétal plus ou moins dense, les scientifiques ont étudié l’effet de l’abroutissement des Cervidés sur ces repousses et ont ainsi mis en évidence plusieurs résultats :

  • la mortalité des repousses est plus élevée dans les placettes fréquentées par les cerfs que dans celles qui en sont protégées ;
  • en présence des cerfs, la croissance des rejets est pratiquement nulle ; les tiges sont maintenues à une hauteur de 20 cm, tandis qu’elles poussent de 50 cm par an dans les placettes protégées ;
  • le chêne, espèce pionnière qui nécessite beaucoup de lumière pour croître, s’avère capable de produire des rejets sous un couvert, même avec un faible niveau de lumière ;
  • enfin, quel que soit le gradient de lumière testé, la croissance reste faible en présence des herbivores, ce qui signifie qu’une forte luminosité ne compense pas l’effet du broutage.
Biche broutant des rejets © Y. Boscardin/Irstea

Les résultats montrent que le recours à la pratique de coupe/rejets des chênes pour régénérer la forêt mélangée n’est envisageable que sous conditions, soit en maintenant une très faible population d’herbivores, soit en mettant en œuvre des moyens de protection contre ces animaux. Cette pratique présente néanmoins un atout : la croissance étant plus rapide par rejet que par régénération sexuée, les jeunes chênes atteignent plus vite la taille qui leur permet d’échapper aux herbivores (respectivement 5 ans contre 15 ans) ; l’installation de protections serait donc nécessaire sur une durée beaucoup plus limitée.

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